Contre la chasse aux indésirables !

L’expulsion des indésirables à Paris, notamment en prévision des JO 2024, continue : en mars et en avril, de nombreux camps accueillant des sans-papiers ont été démantelés, et le plus gros squat d’Île-de-France accueillant plus de 450 sans-papiers a été expulsé manu militari par les flics. Dans un mouvement organisé par l’État qui dure depuis plusieurs mois maintenant, un certain nombre de ces personnes ont été envoyés dans des villes de province dans des cars affrétés par les services publics.
Les JO qui ont lieu à Paris cette année sont, bien sûr, l’occasion pour l’État d’opérer un nettoyage approfondi afin d’évacuer de Paris tous ceux qui pourraient gâcher la vue de carte postale pour les touristes qui débarqueront dans la capitale cet été. Ainsi, des sans-abris franciliens sont depuis un an régulièrement envoyés en car à Orléans dans les mêmes bus que les sans-papiers, les toxicomanes sont balayés par le « réaménagement » des quartiers comme Porte de la Chapelle, les étudiants sont virés de leurs logements réquisitionnés pour laisser place aux athlètes et aux personnels des JO tandis que les proprios évacuent les précaires pour louer aux touristes, et on apprend maintenant que les fichés S pourraient être interdits de traverser certains « périmètres de sécurité » pendant la compétition.
Toute la ville de Paris se prépare pour l’arrivée de Jeux Olympiques et s’organise en fonction, dans ce que l’urbanisme et la gestion des rues, des foules, a de plus autoritaire. Périmètres de sécurité interdits à certaines catégories de la population, laissez-passer, expulsions, mise au travail et valorisation des métiers de la sécurité et de la surveillance (on est nombreux à recevoir, plusieurs fois par mois, des propositions de la part de France Travail pour devenir vigile).
Les jeux olympiques servent aussi à faire passer des lois sur la vidéosurveillance, notamment la vidéosurveillance algorithmique (loi JO 2024), qui, peut-être dans un autre contexte, n’aurait pas été rendu légal si facilement. Ces caméras fonctionnant grâce à l’intelligence artificielle et permettent de repérer les comportements dits « anormaux » dans les stades et les gares. Ces caméras sont autorisées pour huit cas précis : détection d’une arme, d’une personne au sol, d’une voiture en contresens, d’un départ de feu ou d’objets abandonné. Cela suppose d’emblée de définir une norme bien précise de comportements dans l’espace public et suppose aussi, que toutes celles et ceux qui ne respectent déjà pas ces normes se retrouvent encore plus stigmatisés, discriminés, réprimés. Nous savons qu’historiquement, les jeux olympiques ont toujours servi à l’État qui accueille les JO de renforcer son pouvoir et sa main-mise sur l’espace urbain, et que loin de s’arrêter après la compétition, ce pouvoir perdure, et ouvre, bien souvent, la porte à d’autres innovations technologiques et d’autres formes insidieuses de gestion et de contrôle des populations.
Mais ces dispositifs anti-terroristes et anti-émeutiers ne sont pas infaillibles et tout puissants ! Les entreprises qui les installent, les vendent et les réparent ont des noms et des adresses !
Soyons indésirables !