Travail est mort

Là où on peut flairer à plein nez le travaillisme (cette idéologie de droite comme de gauche, qui voit dans tout travail une vertu et dans toute vie un potentiel de travail utile à la société), c’est lorsque des militants rejettent farouchement la critique radicale du travail pour en conserver un brin de sainte éternité : « Le refus du travail dans la société capitaliste, certes, nous sommes d’accord… Mais il ne faut pas confondre le travail avec l’exploitation salariale. Le travail c’est aussi militer, repeindre un mur, faire un petit feu de cheminée… De tout temps l’humain a du travailler ! L’homme de cromagnon non plus ne voulait pas forcément se réveiller pour aller chasser, mais il le fallait bien, parce que sinon, QU’EST-CE QU’ON VA MANGER ??? %ù^¨ù*àç__ SURTOUT MOI ??? QU’EST-CE QUE JE VAIS MANGER SI MES CAMARADES NE TRAVAILLENT PAS, HEIN ??? ET PUIS QU’EST-CE QU’ON VA DEVENIR ??? TRAVAIL TRAVAIL TRAVAIL, LA VIE N’A PAS DE SENS SANS UN REVEILLE-MATIIIIIIIIN ».
Ah la la, bandes de névrosés dévorés par la trouille d’être les seuls à faire la cuisine post-révolution parce que les autres risqueraient d’être oisifs ! Vite, il faut conjurer tout inconnu révolutionnaire ! Il faut enrayer toute perspective qui ne comporterait pas la perpétuation d’un système de domestication qui a fait ses preuves ! Parce qu’avant tout, le travail, c’est un outil de contrôle des plus efficaces. Ce n’est pas pour rien que dernièrement Attal remet au goût du jour l’importance des travaux d’intérêt général pour punir les mineurs. Comme ça, on tient les réfractaires, les chaotiques, les éléments incontrôlables !
Travaillistes de tous les pays, lâchez la grappe aux possibles. Dieu est mort, les idoles aussi, il est temps d’abattre cette absurdité qui voit depuis l’apparition de l’espèce humaine sur terre une longue chaîne de peines par le Travail. C’est en se dégageant de cette abstraction qui pèse sur nos actes, sur le devoir de les justifier par rapport au bien commun (cette autre abstraction), qu’on peut retrouver goût à la vie, à la liberté dans la révolte qui ne produit rien, qu’on peut trouver une myriade de mots et de raisons (ou pas) pour qualifier ce que l’on agit. Ramener tout acte au travail a une sale odeur de croque-mort mi-chrétien, mi-stalinien, mi-entrepreneur. Tous ces mondes méritent de pourrir dans l’enfer qui n’existe pas ailleurs qu’à l’école, au bureau, à l’usine, à france travail et dans le métro.