Mauvais Sang numéro 9 / Édito : Y en a marre de subir !

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Et la rentrée fut.
Après un été où le cirque parlementaire et électoral a battu son plein, entre la gauche qui hurle piteusement au « déni de démocratie », le parti en place perdu dans son jeu de dissolution et d’alliances et l’extrême-droite qui parvient de plus en plus à imposer ses thèmes dans l’agenda politique de l’État (comme on a pu le voir avec la formation du dernier gouvernement et son orientation, qui va pousser toujours plus vers la réaction, la xénophobie et l’autoritarisme), le train-train quotidien a pu se remettre en marche. Ici et là, tout le monde est reparti au boulot, à l’école ou à France Travail, en rang d’oignons, dans l’objectif de subir un peu moins son quotidien dans ce triste monde de travail, de thunes, d’autorité et de prisons en tout genre. La police et l’État eux, continuent de faire leur sale boulot, tous les jours, banalement, comme en témoigne par exemple l’assassinat par balles par les keufs d’un SDF début octobre à Belleville.
Ailleurs, c’est la guerre qui fait rage  au Moyen-Orient, au Soudan, en Ukraine, en République Démocratique du Congo… Les États ou les groupes paramilitaires se font la guerre, envoyant tout le monde au devant de l’horreur pour défendre des nations, des richesses, des religions ou des « peuples » fantasmés.
Mais y en a marre de subir. Nous sommes plein, partout, à avoir des rêves plein la tête et l’envie de balayer ce monde, pour plonger, enfin, dans l’inconnu
En Kanaky, les émeutiers continuent de se battre après s’être fait lourdement réprimer par la gestion coloniale de l’État français. En Martinique et en Guadeloupe aussi, on érige des barricades, on calcine des véhicules, on attaque des comicos, on incendie des gendarmeries et des centres de formation et on pille des magasins, contre l’insupportable pression des prix et du capitalisme. Comme en Kanaky et à Mayotte, l’État a envoyé les CRS et proclame couvre-feu et interdiction de manifester, mais les barricades et les incendies continuent malgré la répression. A Paris, le 5 octobre, l’AG Antifa Paname avait appelé à un rassemblement public pour pourrir la dédicace des transphobes Stern et Moutot faite en collaboration avec les fafs comme Obertone ou Marsault. Malgré l’interpellation d’une soixantaine de personnes par la BRAV-M, bien décidé à décourager ce genre d’initiatives rejoignables hors des cadres syndicaux et partidaires, des pratiques de solidarité face à la répression ont été tenus et la grande majorité sont sortis sans poursuites et sans donner leurs empreintes (on pourra retrouver les communiqués de l’AG sur les réseaux pour les détails). Malgré cela, un camarade a été envoyé en Détention Provisoire à l’issue du renvoi de sa comparution immédiate, après un énième chantage aux empreintes. Le camarade est sorti depuis. Les 2 camarades poursuivis auront des procès les 26 et 27 novembre au TJ de Paris, soyons présents en soutien ! A Vertou (Loire-Atlantique), le 26 octobre, c’est environ 200 personnes qui se sont montrés présents pour perturber un meeting de Sébastien Chenu, numéro 2 du RN, à la suite d’un appel de l’AG Antifa Nantes, rejoint par l’AG Antifa de Rennes. La salle accueillant le meeting avait été vandalisé dans la nuit. 10 personnes ont été interpellés et deux auront un procès le 3 janvier 2025.
Solidarité à tous ceux qui s’activent dans la rue contre les fafs et les transphobes !
Au Bangladesh, mi-juillet le mouvement de réforme des quotas à tourné à l’émeute puis à l’insurrection, attaquant les flics, mettant le feu aux prisons et libérant les détenus. Malgré la réponse brutale du gouvernement qui autorisa les forces de l’ordre à tirer à vue et malgré des centaines de morts chez les manifestants, c’est le pouvoir et notamment la première ministre Sheikh Hasina qui dût fuir en hélico et laisser ses possessions à la merci des émeutiers, trop contents de pouvoir sauter dans la piscine de l’ancienne despote, depuis 21 ans au pouvoir.
Comme souvent pourtant, les réformistes ont récupéré la révolte, et c’est l’économiste Muhammad Yunus, chantre du micro-crédit et « banquier des pauvres » , qui a été porté à la tête du gouvernement intérimaire, par l’ancien gouvernement, les militaires et des collectifs d’étudiants.
Comme toujours et partout, la gauche fait partie de ceux qui enterrent les espoirs de révolte.
Si nous voulons entrevoir un horizon révolutionnaire et émancipateur dans nos luttes, alors nous devrons passer par se débarrasser de la gauche. Car c’est elle, avec ses partis, ses syndicats et ses assos citoyennes en tout genre, qui cherche en permanence à pacifier, à contenir, et à empêcher tout dépassement des luttes. Un dépassement qui permettrait de s’attaquer à tout ce que cette gauche rêve de gérer elle-même demain, et d’enfin abattre l’État et le Capital.
Après Mitterrand et Hollande (ou même Syriza en Grèce ou Podemos en Espagne), la création des CRAs par la gauche, le RMI, les QHS, le populisme exacerbé de Mélenchon…nous pourrions espérer que plus personne ne tomberait dans la supercherie gauchiste. Les larges appels au vote de barrage en juin, notamment depuis des aires à prétention subversive, et les appels présent à « pousser » derrière le NFP pour l’installer au pouvoir, montre que nous en sommes loin.
Alors, fuyons la médiation, fuyons la représentation, fuyons la composition. N’écoutons pas les fausses promesses politicardes, et n’attendons pas le moment où on entendra décrier une énième « trahison » qui n’en est pas une. Portons la conflictualité dans les luttes contre ceux qui cherchent à nous résigner, à nous faire accepter quelques arrangements de misère ici et là, à freiner nos élans de révolte et de liberté, pour enfin en finir avec le vieux monde et tous ses gestionnaires avec.

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Des enfants bâtards
de l’anarchisme et du communisme.