A l’occasion du numéro 10 et après les 3 ans d’existence du journal, nous mettons à disposition une liasse-compilation des 10 premiers numéros du journal, avec une introduction écrite pour l’occasion !
Vous pouvez retrouver des exemplaires physiques dès maintenant à la bibliothèque des Fleurs Arctiques (45 rue du Pré-Saint-Gervais, Paris 19ème).
« On arrive maintenant au dixième numéro de Mauvais Sang. Dix numéros qui s’empilent au fil du temps et sont le germe d’un journal annonçant ses prochaines parutions ; encore très jeune, c’est l’occasion pour nous de réfléchir sur ses perspectives, et de réaffirmer des éléments essentiels à son existence. Mais voilà, on a pas envie d’en faire une pièce de musée. Une collection morte sous le poids de sa propre poussière. Les numéros sont là pour agiter, pour vivifier et diffuser quelques refus de plier face à ce monde lourd d’apathie, de misère et d’indifférence. Ce qui compte, ce sont les conflits et perspectives que ces numéros pourraient faire naître ; l’encre est sèche, mais le sang est toujours noir, et mauvais jusqu’à l’os.
C’est dans cette vivacité que le journal trouve son intérêt car elle signifie penser le présent en rapport avec le passé. Mauvais Sang ne se veut pas comme un pur outil de diffusion d’actualités, prisonnier du présent sans distance critique, sans aspiration à aller au-delà de l’époque actuelle et de ses écueils stériles. Mais à l’inverse puiser dans le passé comme nous le faisons parfois, signifie pour nous partir à la recherche de luttes desquelles s’inspirer tout en rejetant la nostalgie d’un âge d’or dont la perspective révolutionnaire serait aujourd’hui morte et enterrée. C’est toujours la liberté bien vivante qu’on a en ligne de mire quand on choisit sur quoi écrire ; la pratique, la théorie, le passé et le présent ensemble pour un futur imprédictible.
Cette liberté se retrouve aussi dans son style, c’est-à-dire dans l’attention porté tant sur la forme que sur le fond de nos propos. Concernant le fond de la réflexion politique, il existe aujourd’hui une déplorable tendance, un réflexe, une incapacité à s’extraire de l’appareil idéologique de la fac et de la sociologie ou des discours policés de la politique de partis. S’ensuivent des textes arides de tout désir dont la forme est autant indigeste qu’ils tètent leur bout de théorie racorni depuis des décennies, ou des élucubrations qui n’ont de réflexion que des considérations formelles aussi insipides que leur absence de réflexion sur le fond. Mauvais Sang se veut aller au-delà de cette impasse où écrire de la théorie politique signifie tantôt réciter, tantôt barboter dans des courants de pensée inoffensifs pour l’existant. Nous pensons nécessaires de ne pas laisser le fond à des chercheurs, des apparatchiks, des journalistes ou tout autre observateur, et qu’il est indispensable que le fond soit produit par ceux qui confrontent la réflexion avec le réel, par ceux qui luttent.
Pour ces raisons que nous avons évoquées ici, Mauvais Sang continue, et est destiné à être diffusé là où le vent le portera. Nous espérons qu’il inspirera de nombreuses autres initiatives pour porter partout la conflictualité et fissurer l’existant, comme pourquoi pas, par exemple, d’autres journaux avec lesquels faire vivre le débat, sortir de la léthargie qui nous entoure et en finir enfin avec le vieux monde.
Il est possible de nous contacter par mail, que ce soit pour entrer en conflit, pour poser des questions ou autres contributions. Il est aussi possible que nous vous contactions, que ce soit pour entrer en conflit, pour poser des questions ou autres contributions. »
Des enfants bâtards de l’anarchisme et du communisme.