Question piège

Texte reçu par mail

Les bons élèves peuvent résoudre tous vos problèmes,
mais ils ne savent rien qu’ils n’aient appris,
ils ne savent rien de ce qu’est la pluie.

CharlElie Couture, Tous les bons élèves

En 2024, année des JO, le coup de sang de fin de match de boxe de la boxeuse italienne Angela Carrini sera l’instrument d’une panique morale queerphobe à grande échelle. La gagnante du match Imane Khelif, sportive algérienne, fait l’objet d’une grande campagne d’harcèlement et de diffamation des conservateurs du monde entier, remettant sa légitimité à concourir dans la catégorie femme en question.
Alors, en a-t-elle le droit ? Est-elle une femme ? Sortons nos stéthoscopes, plongeons dans ses chromosomes ! Non ? Non ! Question piège ! Ce n’est pas Imane Khelif qui n’a pas sa place dans ces compétitions, mais ces catégories de sexes qui sont trop étriquées pour la richesse et la diversité de nos individualités !
Le piège est retors. Déjà, les réponses sont peu créatives : il n’y en a que deux ! Deux catégories de sexe, basées sur un petit nombre de paramètres supposément alignés comme les chromosomes, les gonades, les hormones, jusqu’aux caractéristiques sexuelles secondaires, sans s’embarrasser d’embrasser toutes les variations possibles des combinaisons de ces mêmes paramètres, ou d’en choisir d’autres. Mais le piège ne s’arrête pas là. La question sous-entend dès le départ que la vérité sur qui nous devrions boxer se trouverait dans nos chromosomes, nos appareils génitaux, bref, ailleurs que dans notre volonté. Avec la Réponse vient tout un ordre auquel se soumettre. Car le sexe n’a jamais été qu’un simple outil de la science, ni d’organisation de tournoi de boxe. Cette question piège traverse ce monde et nous est posée tous les jours. Elle est née dans un monde genré, qui organise l’asservissement des unes à l’Autre masculin pour se reproduire en tant que société.
Le piège de cette question, tous les jours, c’est de vouloir faire plier notre volonté afin d’asservir nos corps. Tout se passe comme si c’était notre corps, révélé par l’observation, le sens commun, la science, pourquoi pas la religion, qui serait l’origine et la cause de notre rôle de genre, alors qu’il se retrouve capturé dans un processus de domestication dont le but est de nous conformer aux attentes de ce monde.
Alors soyons les cancres du genre et rions de la Question. Les bons élèves, c’est pénible, de toute façon..