Des statistiques qui puent la mort

A quoi la gestion de la pandémie nous habitue-t-elle ?

Depuis deux ans que la pandémie de Covid-19 dure en provoquant de nombreuses contagions, maladies, hospitalisations et décès, les différents gouvernements de la planète cherchent à gérer la circulation d’un tel virus à partir d’intérêts qui ne sont évidemment pas ceux des humains, mais ceux du capital et de la bonne poursuite des institutions existantes. Personne n’a intérêt à ce qu’une pandémie mondiale et meurtrière perdure, mais voilà : pour les États et les entreprises, il s’agit de raisons radicalement opposées à l’envie inaliénable de vivre, il s’agit d’avoir une batterie de travailleurs en bonne santé relative, dévoués lors d’une « crise sanitaro-économique » à ne pas désorganiser l’économie. Ce dont il s’agit, c’est de garder en vie le Capital.
Il n’y a jamais eu autant de contaminations en France (comme dans le reste du monde) qu’en cette période, cela dû au variant Omicron, et pourtant lundi 3 janvier 2022 les enfants sont retournés à l’école pour libérer du temps de travail à leurs parents, et les malades du covid n’ont plus qu’à s’isoler « 7 jours », voire 5, avant de retourner tous pimpants au travail. Quant aux enfants, c’est un test sur l’honneur qui les renvoie illico presto en classe. Désorganiser et détruire l’économie, refuser d’aller travailler, d’aller amocher sa santé comme depuis toujours au travail, serait une perspective hautement émancipatrice pour les uns et les autres qui n’ont, de toute façon, aucun profit à se faire, mais tout à perdre dans la continuation de semblables sociétés mortifères.
Plus que jamais, une émeute IRRÉPRESSIBLE mettant à bas tous les fondements du capitalisme et des États serait grande de vie, de désir et d’espoir en refusant la sordide accoutumance à des hôpitaux saturés (en plus de toutes les santés bousillées hors de l’hôpital, que ce soit suite au covid ou non, par un quotidien de jour en jour plus inhumain) et à tous ces risques mesurés-calculés-stratifiés par des bureaucrates intégralement constitués de chiffres.
Car la gestion de la pandémie par les États se creuse, s’affine, au fur et à mesure des études scientifiques, dans un sens qui n’est pas celui d’un dévouement pur à la grande cause de l’espèce humaine, mais dans celui d’une adaptation du capitalisme (et donc de tous les quotidiens pétris de ce système) à un virus parfois létal : en arriver, de statistiques en statistiques, de prédictions en prédictions, à un affreux quota de morts « tolérables » du point de vue du capital, ce qui se résume in fine à rendre le monde de plus en plus inhabitable à toute personne fragile et incapable de remplir un rôle d’esclave productif. L’évolution des formes de la maladie et des variants à l’échelle de toute la Terre étant cependant extrêmement complexe et immaîtrisable au long cours, la gestion ne peut en rester qu’à une course effrénée et insensée, réduite au court terme de l’économie, et qui s’empêtre entre discours et réalités.
Aucune mort enduite de statistiques, de prédiction et de calculs coûts-bénéfices ne sera jamais tolérable !
Contre ce déploiement au fil des semaines, des mois, des années d’une gestion du temps, de la vie et de la mort au service du capital, vive le déploiement d’un imaginaire ingérable, de corps épris de soin et de vie en révolte intégrale !
Le capitalisme vit sur notre dos, tuons-le !
À bas les statistiques et vive la vie !