Mauvais Sang numéro 4 / Pour un avenir ingérable !

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Le temps où les différents chefs d’Etat, d’entreprises et de partis promettaient un capitalisme de croissance et de progrès social et technique pour justifier l’exploitation sordide de nos existences semble à présent révolu. Inflation, crise, pénurie, restrictions et sobriété sont les nouveaux mots d’ordre pour conjurer tout avenir qui bifurquerait de la route déjà tracée par la bourgeoisie : celle de la production incessante d’un monde autoritaire et marchand. Désormais le capitalisme se justifie à l’aune de la catastrophe permanente qu’il faudrait éviter, tous ensemble, avec patriotisme et soumission. Ainsi, le 5 septembre, Macron a fait un copier/coller de la gestion de crise sanitaire pour démarrer en bruit la gestion de crise énergétique. Virus ou gaz, du point de vue inhumain du capital, c’est du pareil au même : du risque, du chiffre, des stats, de la population et un même impératif, celui de faire perdurer dans la pacification et la résignation les institutions économiques et politiques. L’hiver va être dur, chers compatriotes ! Maintenant qu’il est devenu «normal» de transmettre le covid, d’en souffrir voire d’en crever, les points technocrates hebdomadaires ne porteront plus sur cette pandémie faussement conjurée, mais sur cette crise énergétique qui tracasse davantage le gouvernement. En effet, la raréfaction des énergies et l’augmentation de leurs prix causent leurs lots de soucis au capital lorsqu’ils font irruption de manière ingérable : la contestation sociale pointe son nez, tel qu’actuellement dans de nombreux pays jusqu’aux frontières de la France, en Angleterre, et c’est cela qu’il s’agit avant tout d’éviter. Au travail ! Un petit chèque de cent balles en septembre pour faire copain copain. Dans le discours de Macron, c’est la COUPURE qu’il faut absolument éviter. La COUPURE, ce nouveau monstre qui doit s’agiter la nuit dans les esprits anticipateurs des technocrates, remplace ainsi le «confinement général» qui jouait le même rôle de risque suprême fut un temps, car les deux formes de gestion ont en commun d’apparaître à un moment T comme le dernier des derniers outils étatiques, qui entraînent leurs lots de complexités tels qu’un changement brusque et soudain dans le quotidien, propices à de l’immaîtrisable. Alors pour éviter ce grand inconnu gestionnaire, le Risque Suprême de notre hiver, il s’agit de construire une peur tout autour – nous sommes en guerre ! Mobilisation générale ! Sauvons la Fée Electricité ! – qui n’a pour seule solution que de nous conduire de plans de restrictions en plans de restrictions. Derrière l’argumentaire «Si tout le monde baisse volontairement sa conso d’énergie, on évitera la phase contrainte», le gouvernement prépare déjà ses possibilités gestionnaires. Comme cela avait été le cas après les explosions de cas de covid suite aux rentrées scolaires et aux retours au travail, le gouvernement pourra expliquer, lors d’une phase 2 qui aura son lot de nouvelles contraintes et d’autoritarisme, que c’est la faute des concitoyens aux mauvaises manières, qui n’auront pas suffisamment pratiqué les mots d’ordre de la «sobriété volontaire». Comme en Angleterre, va-t-on nous inciter à travers les journaux à cuisiner au micro-onde plutôt qu’au four ? Miam. Avec cette nouvelle gestion de crise, l’Etat tente encore une fois d’embourgeoiser les consciences malheureuses pour que chacun, même dans la pire situation matérielle, se sente investi d’une haute mission morale : celle de COMPTER, de pratiquer au niveau individuel la petite rentabilisation, la petite joie malsaine de se comporter dans la vie comme un compteur linky (et peut-être de dénoncer son voisin qui prend trop de bains ?). Tout irait tellement mieux si tous les êtres humains, dès l’enfance, se comportaient dans la vie comme des participants à un grand jeu de gestion dont ils ne sont évidemment pas les héros, mais les tous petits rouages bien soumis !
Mais voilà, cette moralité de petit comptable nous donne la gerbe, et l’envie de mettre l’économie à sac ne cesse de croître, pour un avenir totalement ingérable !
Nique l’Etat, nique EDF, nique les micro-ondes et toute la bourgeoisie qui facture nos vies.
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Des enfants bâtards de l’anarchisme et du communisme