Rentrée des fous

Les syndicats, lécheurs de botte du pouvoir dans absolument tous les pays, n’ont pas hésité une seule seconde en Angleterre à s’aplatir devant la mort d’une vieille bigote chrétienne du nom d’Elizabeth II, alors qu’ils étaient en pleine grève massive depuis la fin du mois d’août. Hop hop hop, deuil national, comme si les révoltes qui grondent contre le coût de la vie devenu insoutenable devaient s’arrêter devant le seuil du pouvoir et de la royauté pour permettre de grands banquets paisibles aux héritiers du Vieux Monde et de l’ordre pourri. Mort au roi, mort à la reine, mort aux capitalistes et puis surtout, mort aux syndicats, qui n’auront pas hésité à appeler à la lâche trêve. On espère bien que la lutte outre-manche contre la vie chère et misérable ne va pas aller en s’arrangeant, et qu’elle aura tôt fait de menacer de s’étendre, et peut-être même, de dégénérer…
Avant de larmoyer « La paix sociale sous deuil national est de retour ! », le secrétaire général du syndicat Maritime and Transport déclarait « La classe ouvrière est de retour ! ».
A-t-elle un jour disparu ? Le prolétariat se constitue dans la lutte. A-t-il jamais cessé de trimer, de lutter ? Pour que la lutte s’approfondisse, il est plus que vital que ce mouvement social déborde et échappe aux logiques de l’organisation syndicale !
Vite, que le règne de Charles III et de ses amis les syndicats se termine sous les feux de la lutte !
Moi aussi, j’ai bien envie de ne pas aller à l’école, de ne pas aller travailler, de ne pas payer de loyer, de ne pas payer mes factures, de ne plus rien payer du tout. La vie est trop courte pour baisser ma lourde tête devant la lourde bêtise des professeurs et des patrons. À la rentrée, je veux faire la sauvageonne dans la rue, et comme il me plaira, n’en déplaise aux syndicats qui, toujours, encadrent, empêchent, négocient.
Ne travaillons plus, ne payons plus : dans la rue ! La vie est trop courte !

OUI ! OUI ! Une rentrée des fous, s’il vous plaît
Il y en a marre de la rentrée des classes. Voilà l’autoproclamation de la création d’un autre temps, qui ne soit ni celui de l’école, ni celui du travail, mais celui des manifs ! L’autoproclamation des temps des révoltes et des sorties des classes. Pour que toutes les voix cassées par le capitalisme, par les autorités et les élites, sortent des bancs des classes bien rangées !
Pour la sortie des classes, de toutes les classes, sociales, scolaires, biologiques et pour la rentrée des fous-les !
Cette année à la rentrée, c’est non aux maîtres, aux bienfaiteurs, aux protecteurs, aux autorités, aux dictateurs de la bonne pensance, à l’apprentissage forcené et aliénant et surtout non aux leçons longues et infernales qui se répètent et qui donnent la nausée. Voilà l’autoproclamation d’une rentrée de l’assemblage des forces en lutte et de l’accouchement d’émancipations nouvelles.
Contre les savoirs qui s’accumulent et qui pourrissent dans les universités, les écoles et les lycées. Tous les savoirs vides et poussiéreux qu’on apprend par cœur sans bien savoir pourquoi. Mais aussi tous les cachets qu’on va prendre pour oublier la routine étouffante, le conditionnement organisé qui nous envoie la tête baissée au métro, au travail, qui nous vident la tête et le corps, qui vident de tout rayon de joie et tout rayon de vie.
A la rentrée, je dirai non avec la tête, je ne parlerai pas d’autre langue que celle de Prévert !
Déjà marre des demis dieux de profs qui ne font que s’écouter parler. Déjà marre du travail, de la machine à café, des bibliothèques. Marre par avance des employeurs, des mêmes gestes, de toutes ces semaines à venir de trajets répétés, des compétitions pour la meilleure note ou pour le meilleur poste. Nous voulons la création d’un autre temps, qui ne soit ni celui de l’école, ni celui du travail mais celui des manifs, des ag et de la rue, le temps marqué par toutes les grèves et tous les incendies possibles ! Ce qu’il reste de vie, en classe, ou au travail : reprenons les ! Ce qu’il reste de rentrée, ce qu’il reste de vie, n’est que lutte, n’est que révolte !

« On se rend maintenant très bien compte, à l’aspect du travail – c’est-à-dire de ce dur labeur du matin au soir – que c’est là la meilleure police, qu’elle tient chacun en bride et qu’elle s’entend vigoureusement à entraver le développement de la raison, des désirs, du goût de l’indépendance. Car le travail use la force nerveuse dans des proportions extraordinaires, et la soustrait à la réflexion, à la méditation, aux rêves, aux soucis, à l’amour et à la haine, il place toujours devant les yeux un but minime et accorde des satisfactions faciles et régulières. Ainsi, une société où l’on travaille sans cesse durement, jouira d’une plus grande sécurité : et c’est la sécurité que l’on adore maintenant comme divinité suprême ».
Nietzsche