Nation, Crève !

Nous voyons aujourd’hui refleurir les sales bourgeons du patriotisme, du nationalisme, de la France et de son peuple, de son terroir, de sa culture et de son histoire. Cela apparaît d’autant plus que les élections présidentielles approchant, la propagande nationaliste s’intensifie et l’idéologie se renforce. Si toutes ces choses ne sont jamais mortes, si elles sont en réalité relativement victorieuses dans la société dans laquelle nous vivons, elles semblent tout du moins gagner en force et se répandre, jusqu’à s’incruster dans les luttes et les mouvements sociaux. En France, c’est le mouvement des Gilets Jaunes qui a été le douloureux symbole d’une progressive banalisation de la référence à la Nation.
Mais c’est plus largement encore dans le monde, dans d’autres pays, que ce bouquet puant semble connaître un nouveau printemps. Il est grand temps de l’arracher par la racine. L’assaut du Capitole aux États-Unis ainsi que les blocages au Canada liés aux convois de la liberté ont provoqué ces derniers temps une inquiétante sympathie, voire une fascination, chez de nombreux gauchistes. On dirait que le dépit actuel face à l’absence de puissantes perspectives révolutionnaires finit par se transmuer en un engouement à l’égard de tout ce qui s’agite un peu plus fort que le reste – et, à notre époque, c’est malheureusement parfois le drapeau de l’État qui s’agite à nouveau dans la rue. Cette sympathie – la même qui ne voyait rien de très problématique aux symboles utilisés par les manifestations des Gilets Jaunes dès 2018 – va de la banalisation (« ce ne sont justement que des symboles, des mythes, des références ») au pragmatisme (« au moins ça fédère, ça fait mouvement ») jusqu’au franc opportunisme (à cet égard les appellistes de Lundi Matin sont à la pointe, s’appuyant sur Lénine pour justifier qu’il est nécessaire de s’organiser avec les discours complotistes et réactionnaires actuels qui gravitent évidemment toujours autour de l’idée de Peuple national). Mais nous qui souhaitons voir s’épanouir un processus révolutionnaire au cours duquel l’État et le capitalisme pourraient tomber et ne plus jamais se relever, devons absolument nous confronter, sans aucun début d’accointance, à ce renouveau du nationalisme. Et ce, pas seulement parce que le drapeau tricolore est moche, où parce que la Marseillaise fait saigner les oreilles, mais surtout parce que cette mythologie, si elle prétend rassembler et unir, sert toujours à la perpétuation des institutions, et non à l’émancipation de tous. En croyant rassembler tout le monde sous une bannière commune on ne fait toujours que défendre l’idée de l’État et des frontières qui font la réalité matérielle des nations. Le renouvellement de la nation, où qu’il ait lieu, lorsqu’il devient la perspective de mouvements au départ plus spontanés et sociaux, ne manque jamais d’avoir ses fidèles soldats qui fusillent et emprisonnent les différents anti-autoritaires, anarchistes, communistes, et autres troubles-fêtes.
Les différents États, organisateurs et gestionnaires des populations du monde, ont à leur disposition tout un arsenal d’outils de coercition au service de la gestion sociale et du maintien du système économique. L’unité de la nation, le mythe de la communauté nationale, sa solidarité et son histoire sont ainsi cultivés afin de souder et d’unifier sous un même drapeau, sous une même identité, sous un même État : autant d’idoles qu’il est nécessaire de renverser. Développons dans les mouvement sociaux une critique féroce du nationalisme, car si rien ne s’y oppose, il gagnera contre nos aspirations de liberté.
Trouvons des manières de le combattre. Brûlons les drapeaux, réaffirmons sans cesse la conflictualité où nous le pouvons, au sein des mouvements et ailleurs, discutons, hurlons, blasphémons et rions contre la France et ses nombreux cousins. Attaquons leurs intérêts, où qu’ils soient, avec toute la multiplicité de techniques et d’outils que les révoltés ont développée à travers le temps.
Le sang qui coule dans nos veines n’est ni celui de Clovis, ni celui de Napoléon, pas plus que celui d’aucun roi et d’aucun français d’aucune sorte, d’ailleurs. Il n’est que du plasma, un mélange bâtard de globules visqueux qui fait fonctionner nos corps et nos cerveaux, et s’il bouillonne c’est pour les émeutes, les soulèvements, les révolutions de partout et d’ailleurs. Un sang irréductible à tout papier ou à toute autre assignation d’identité à un territoire borné !
Notre haine de la France est évidemment plus que solidaire de tous ceux qui, en Russie comme en Ukraine, réussissent à trouver un chemin par où lutter contre les États et les nationalismes qui s’affrontent aujourd’hui à travers la guerre en cours.
NIQUE LA NATION !
VIVE LA RÉVOLUTION !

La censure des médias et réseaux sociaux en Russie…

La censure des médias et réseaux sociaux en Russie n’a pas réussi à empêcher certaines nouvelles enflammées de sortir du territoire russe et de crier jusqu’à nous une splendide haine de l’armée et de l’État : différentes attaques contre des bâtiments de l’armée et de la police russes ont eu lieu depuis le début du mois de mars et se poursuivront sans aucun doute. Départ de feu dans une station de police à Smolensk, cocktails Molotov en plein dans le centre de recrutement de Voronezh, cocktails Molotov lancés en direction du Kremlin, sabotages de cheminots biélorusses contre les lignes de chemins de fer permettant l’acheminement des trains de guerre… et, surtout, incendie intégral du centre de recrutement de l’armée à Lukhovitsy (près de Moscou), dont une vidéo a pu circuler et dont un communiqué anonyme mentionne la volonté de détruire toutes les archives et listes de potentielles recrues de la ville. L’incendiaire, après avoir été arrêté le 8 mars à la frontière entre la Biélorussie et la Lituanie, a réussi à s’évader quelques jours plus tard et nous espérons qu’il est encore actuellement en cavale.
Solidarité avec toutes les flammes antimilitaristes !

Quand le train de la vie déraille

À Los Angeles, à quelques kilomètres des quartiers pavillonnaires de la haute bourgeoisie américaine et des collines d’Hollywood, les pillages de trains – rappelant ceux des diligences – se multiplient, tenant en échec les flics comme le gouverneur californien aux dents blanches, Gavin Newsom, dont le désarroi et les larmes pourraient presque émouvoir, se mettant en scène devant les caméras, ramassant lui-même les cartons abandonnés par les pilleurs sur les voies.
Depuis les premiers confinements en 2020, l’Union Pacific, qui gère les transports de marchandises à travers les États-Unis, se plaint d’une explosion de ces pillages. Les trains traversent le pays pour livrer toutes sortes de commandes et sont depuis longtemps ciblés par des groupes, particulièrement dans les environs de Los Angeles. Depuis quelques mois, on trouve sur Internet des vidéos de groupes (allant parfois jusqu’à plusieurs dizaines de personnes) faisant éclater les cadenas des wagons pour y sortir télévisions, ordinateurs, produits électroménagers, vêtements de marque, bijoux, armes, et tout autre bien de valeur, laissant parfois tellement de cartons sur les voies que les trains déraillent.
En effet, sur des trains mesurant parfois plusieurs kilomètres de wagons, roulant relativement lentement, les systèmes de surveillance sont loin d’être infaillibles. Les flics, en partenariat avec Union Pacific, ont annoncé l’installation de détecteurs de mouvements et le développement de drones pour sécuriser ces rails, une technique de plus qui saura, on l’espère, être contournée par ceux qui désirent troubler l’ordre. Cette annonce de la police d’une caméra volante supplémentaire cherche davantage à créer une peur de la surveillance permanente qu’à permettre un contrôle total et effectif. Les représentants interviewés de l’Union Pacific sont résignés à constater que, peu importe la solidité des cadenas utilisés, ils ne résistent que quelques secondes aux outils des voleurs.
Que ces vols organisés soient une pratique diffuse et massive rend particulièrement difficile le sale travail des flics qui s’inquiètent de cette attaque à la propriété privée. D’autant qu’elle ne cesse de prendre de l’ampleur : les attaques ont augmenté de 356% depuis l’année dernière, ce qui correspond à 5 millions de dollars de marchandises pillées.
Espérons que cette vague de pillages nourrissent les espoirs et les pratiques de tous ceux qui refusent de se crever au travail.
Peu importe le nombre de drones, il restera toujours des goélands ou des lanceurs de pierres pour les abattre, comme des pinces pour faire éclater tous leurs cadenas !
À bas la propriété privée !

Pétons les Plombs

New York, 13 et 14 juillet 1977. Un gros orage entraîne un black-out historique qui durera 25 heures. La ville lumière s’éteint. Des émeutes et pillages irrépressibles s’emparent alors des rues, éclairées par des centaines d’incendies.
Nous ne regrettons certainement pas les 150 millions de dollars de marchandises volées, mais que l’ordre ait été rétabli une fois la panne de courant réparée. Soyons imaginatifs, n’attendons plus l’orage pour court-circuiter la normalité des villes !
La bourgeoisie a vu dans cet événement une nuit de saccages sanguinaires, fantasmes bien illustrés par le mauvais film American Nightmare : dans un monde sans lois ni ordre, l’humanité retrouverait sa « sauvagerie naturelle ». Ce mythe étatiste bien connu est le prétexte idéal à l’assainissement et la sécurisation de la ville. Ainsi, l’obscurité révélerait le visage monstrueux d’une humanité hors de contrôle. L’urbanisme sécuritaire veut une nuit toujours moins noire ; la lumière des lampadaires sera, pour ses représentants, le salut de l’humanité : Urbis securitas et nitor ! La sûreté et la propreté de la ville ! (devise apparue à Paris pendant l’installation des premiers éclairages publics qui coïncident avec l’apparition de la police en 1667).
Les lampadaires éclairent (comme les caméras surveillent) les recoins des ruelles mal famées, les petits carrefours où vivent les mauvais garçons et les survivances de toutes les cours des miracles. Ceux-ci sont bien plus efficaces que n’importe quel policier pour mater les rôdeurs, les voleurs, les escamoteurs de plans sur la comète, les cambrioleurs et les braqueurs, les louches, les loubards et les putes. Cette lumière diffuse et continue est le rêve de l’absolue surveillance et du contrôle omniscient, mais ce rêve est percé de failles, ne l’oublions pas.
Contre l’obscurantisme du capitalisme, de l’état et de toutes les religions, contre le bain aveuglant des projecteurs et des miradors, vive les lucioles ! Pour que nos nuits s’embrasent encore, pétons les plombs !
Réverbères, la lune nous suffit.

Trouble du spectre capitaliste

Texte reçu par mail
Le bon dieu voudrait que je me tienne droit, que je crache pas par terre. Le bon dieu aime quand mes lacets sont bien faits.
Le bon dieu n’a pas les jambes qui tremblent.
Le bon dieu a mis des moineaux sur des cerisiers, c’est gentil. Quand tu sors du travail, ça fait plaisir. Le bon dieu ne pointe pas à Pôle Emploi, il n’a pas besoin de croire en lui.
Partout sur le chemin de la réussite sociale, le bon dieu a placé des corps d’enfants morts dans le béton armé de la positive attitude. Qui sont-ils ? Ils sont celles et ceux qui n’ont pas survécu au passage à l’âge adulte. Ils ne savaient pas faire leurs lacets, ils sont morts en contemplant des moineaux sur des cerisiers. Ils sont morts parce qu’ils contemplaient des moineaux sur des cerisiers. Parce que le bon dieu sélectionne.
Mais que faire ? Faut-il tuer le moineau, car il déconcentre ? Couper le cerisier ou tuer l’enfant ? Faut-il concentrer le travail pour qu’il se recentre ? Faut-il travailler à ce que le travailleur travaille ?
Si t’as le mauvais sang qui coule dans les veines, toi aussi tu le sais déjà : Dieu est mort, c’est un fantôme, la vie est courte et il est encore temps d’être sauvages, nous pouvons, à nous-mêmes, nous donner la permission d’ingérer la gestion comme Godzilla, de défier les astres comme Prométhée, un moineau sur une épaule, au-dessus d’un cerisier, et un bazooka intergalactique dans l’autre. Plutôt détruire tous les mondes que de vivre dans celui-ci.
Pour l’abolition de l’adulte.

Contre

Contre le travail, les équipements, la fabrication, les salles de détente et les réveils, contre le travail, les usines, et ceux qui les protègent, contre les architectes et leurs immenses bâtiments mornes, contre les métropoles pleines de sang et leurs égouts pourris, contre les directeurs d’hôpitaux et les conservateurs de musée, contre la grande Histoire et contre l’oubli, contre la lâcheté cynique des carriéristes du militantisme, contre la tyrannie assoiffée de toutes les idéologies identitaires, contre la pâleur des imaginaires sans rêves, contre tout imaginaire terne qui n’est pas le dépassement irréductible de ses propres frontières, contre toute vie qui n’est pas le renversement perpétuel de tous les sens.
« NOUS SOMMES JEUNES ET NOUS AVONS DES ARMES » Volodine.

Samedi 26 mars 2022…

Samedi 26 mars 2022 Jean-Paul a été exécuté par des policiers à Sevran, alors qu’il conduisait une camionnette volée. Depuis maintenant 5 jours, des gens de Sevran, de Aulnay-sous-Bois et de Tremblay on décidé d’exprimer leur colère par le feu. 5 jours plus tard, déjà 3 personnes ont été placées en détention provisoire et plus d’une dizaine en garde-a-vue. La police tue, encore et encore, les voleurs, les rebelles, les pauvres, etc… Elle tue trop pour que nous puissions évoquer tous ceux qui ont succombé à leurs balles mais elle ne tuera jamais assez pour que, habitués à ces drames, nous les regardions faire sans rien dire. L’émeute est la seule réponse acceptable ! Pour que les policiers aient peur de faire leur sale travail, qu’ils renoncent à sortir leurs armes ou même à courir après quelqu’un, craignant d’entrainer des mois d’émeutes. Solidarité avec Jean-Paul et tous les inculpés.

À la mémoire de Stephane, SDF anti-flic exécuté a la Gare du Nord

Lundi 14 janvier 2022, 6h50 à Gare du Nord, dans Paris, Stéphane B. un SDF de 31 ans se fait abattre de 4 balles à bout portant par des flics de la sûreté ferroviaire. Il aurait attaqué avec une lame de 30 cm les 3 agents de la brigade. En regardant son compte Twitter, il est difficile d’imaginer que cela soit faux. Celui-ci exprimait son droit légal de tuer des policiers avec des raisonnements autant farfelus que touchants, évoquant le « droit constitutionnel de faire sécession » et donc le « droit légal de tuer des policiers français ». Les médias, qualifiant de lâche cette agression (attaquer avec une arme blanche 3 hommes armés de pistolets automatique, lâche ?…) osent se demander ce qui a poussé cet homme de 31 ans à s’en prendre aux policiers. Le harcèlement quotidien, les contrôles permanents, la misère, le mépris, le capitalisme le laissant hors de tout, etc. Toutes ces raisons que ces bourgeois, qui ne se sont toujours souciés que de grimper le plus haut possible dans l’échelle sociale, sont incapables de comprendre. La haine de la police existe et elle est sensée. Les keufs nous protègent ? Non, ils nous envoient en prison, nous frappent, nous font peur, nous tuent. Cette dernière action est un acte de guerre, désespéré, que personne n’ose défendre puisque Stéphane serait celui qui a attaqué en premier. Non, la police, par sa présence et son harcèlement quotidien, a attaqué la première. Ils pensent pouvoir faire ce qu’il leur plaît des gens ? Que personne ne réagira jamais ? Les émeutes de 2005, et toutes les autres ne leur ont pas laissé un goût assez amer dans la gueule ? Montrons leur que c’est faux, que nous ne subirons pas un mort de plus de la part de l’État et du Capital. Non, cet acte n’est pas lâche, le meurtre de l’assaillant l’est. Quatre balles ne désarment pas, ne neutralisent pas, ne protègent pas, elles tuent. C’est une exécution sommaire, qui aurait pu, même d’un point de vu de self-défense policier, être évité. Ils n’ont pas fait cet effort. En tout cas, ce n’était pas pour «protéger les voyageurs». C’est bien eux-mêmes qui était la cible de l’attaque, eux et tout ce qu’ils incarnent du fait de leur uniforme. Combien de noms allons-nous les laisser ajouter à la triste liste des morts de la police ? Zyed Benna, Bouna Traoré, Steve Maia Caniço, Adama Traoré, George Floyd, et des milliers d’autres. Seules des émeutes ne sachant rien faire d’autre que grandir apaiserait nos envies de vengeance et notre peine. Ni la Justice, ni l’IGPN n’ont jamais arrêté ni n’arrêterons jamais cette terrible réalité que sont les meurtres policiers, qui commencent lors du premier « contrôle de sécurité, mettez-vous sur le côté, on va procéder à une palpation » (- t’es qui, connard ?). Malheureusement, un SDF isolé, visiblement un peu ouf, ne retient pas l’attention des gauchistes qui ne s’en prennent à la police que si la victime est complètement innocente. Les coupables se font tuer, en prison, dans des courses poursuites, dans des cellules de garde-à-vue, dans des contrôles, etc., et c’est tout aussi regrettable et dégueulasse que lorsque ça touche des innocents. Chaque assassinat de la part d’une institution étatique devrait être un point de non-retour total quant à l’existence de l’État. Darmanin se permet de féliciter une exécution sommaire ? Où sommes nous, haineux de ce monde, si ce n’est en solidarité avec le désespéré qui sera mort dans l’indifférence générale et les pluies d’insultes des bourgeois et des fascistes qui, de nos vies, n’ont jamais rien compris. Finissons-en avec la police et l’État ! Qu’y a-t-il de mieux à faire ? Exploiter ? Se faire exploiter ? Tuer ? Se laisser tuer sans rien faire ? Le rêve révolutionnaire est-il trop loin ? Rapprochons-nous en, bordel ! Moins nous agissons, plus nous nous en éloignons. Qui nous a interdit à ce point de penser qu’il est possible de réaliser ses rêves et ses ambitions ? Ceux-là même qui nous font croire qu’il est possible de réaliser nos rêves et avoir de l’ambition, tant qu’ils sont capitalistes ? Depuis quand avons-nous accepté de ne pas mordre la main de celui qui nous nourrit ? Arrachons-lui le bras et dévorons-le. Leurs miettes ne nous intéressent pas, leur sécurité n’est que répression et angoisse. Luttons contre la peur de la répression : ne restons pas seuls. Pour des émeutes sans concessions avec la capacité de négociations d’une horde de zombies. Vive les rebelles, vive la liberté.

Faire-part de naissance d’un journal bâtard

Nous sommes heureux de vous annoncer, avec la parution de ce premier numéro, la naissance de Mauvais Sang, un journal dont la perspective est de contribuer à agiter le climat social, de participer activement à accentuer et vitaliser les différents conflits qui traversent notre époque, dans l’idée ambitieuse de nourrir des espoirs d’émeutes et d’insurrections et de contribuer à faire survivre et vivre l’histoire révolutionnaire.

Cliquer sur l’image pour télécharger le pdf du numéro 1

Mauvais Sang, tout d’abord parce que la bonne marche de cette époque a cherché à annihiler tout espoir révolutionnaire, et veut nous faire gober que l’insurrection, comme le soulèvement, est impossible. Nous voulons imposer un contre-sens, ou un contre-rythme, une bifurcation, et emprunter le mauvais chemin, le mauvais sens, celui du conflit et de la révolution.
Mauvais Sang, parce que les discours identitaires pullulent à gauche comme à droite sous tous les horizons et sous toutes les bannières, que chacun cherche à vendre la pureté de son sang sur la place publique du marché capitaliste cannibale, et que nous ferons toujours partie des impurs, des bâtards, des traîtres-à-leurs-mondes, de la mauvaise herbe, du mauvais sang de la révolte.
Mauvais Sang parce que rien ne nous fait plus de soucis que l’absence de luttes, que la bonne marche de la société, que l’impuissance collective, que la disparition des enjeux révolutionnaires. Mauvais sang, parce que la peur de l’État pourrait bien être transformée en désir de sa destruction. Mauvais sang, pour que nos inquiétudes et nos soucis deviennent ceux des gestionnaires de ce monde.
Par ce journal agitateur, nous avons l’ambition de contribuer à une histoire, celle des luttes pour l’émancipation collective et pour la liberté. Nous sommes les enfants bâtards, monstrueux et impurs de l’anarchisme et du communisme, et nous n’avons d’autres préoccupations que celle, si loin et pourtant si proche, de la révolution mondiale.
Nous écrivons pour tenter de tenir une position à l’intérieur de notre temps afin de le regarder dans les yeux. Nous écrivons parce que nous pensons que la critique est un outil vivant. Que la théorie, la pensée, les idées, les mots, sont autre chose que des objets inertes de laboratoires ou de bibliothèques et qu’ils participent tous à nourrir et abreuver les rêves de ces fous que sont les révolutionnaires.
Nous n’avons ni l’envie ni la possibilité de nous adresser à une cible particulière, car nous ne sommes ni des politiciens, ni des commerçants. Nous écrirons, parlerons et critiquerons comme bon nous semble en nous adressant à qui voudra bien l’entendre et le lire, militant ou non. En réalité, nous cherchons à parler aux rêveurs, aux colériques, aux fous, aux hors-classes, aux pas-dans-les-clous, aux sans-rien-qui-veulent-tout, aux désespérés, à ceux qui espèrent encore. Contrairement aux populistes et aux sectaires, nous n’avons ni peur de nous adresser à des révolutionnaires ni peur de penser que n’importe qui peut l’être ou le devenir à sa manière.
Le journal paraîtra sous format papier tous les deux mois. Il sera distribué çà et là, aussi largement que nous le pourrons.
Il traitera d’ici, et aussi d’ailleurs, il parlera de maintenant, et aussi d’avant. Demandez Mauvais Sang, diffusez le, et parlons-en.
Il est possible de nous contacter par mail, que ce soit pour entrer en conflit, pour des questions ou autres contributions. Il est aussi possible que nous vous contactions, que ce soit pour entrer en conflit, pour des questions ou autres contributions.

Des statistiques qui puent la mort

A quoi la gestion de la pandémie nous habitue-t-elle ?

Depuis deux ans que la pandémie de Covid-19 dure en provoquant de nombreuses contagions, maladies, hospitalisations et décès, les différents gouvernements de la planète cherchent à gérer la circulation d’un tel virus à partir d’intérêts qui ne sont évidemment pas ceux des humains, mais ceux du capital et de la bonne poursuite des institutions existantes. Personne n’a intérêt à ce qu’une pandémie mondiale et meurtrière perdure, mais voilà : pour les États et les entreprises, il s’agit de raisons radicalement opposées à l’envie inaliénable de vivre, il s’agit d’avoir une batterie de travailleurs en bonne santé relative, dévoués lors d’une « crise sanitaro-économique » à ne pas désorganiser l’économie. Ce dont il s’agit, c’est de garder en vie le Capital.
Il n’y a jamais eu autant de contaminations en France (comme dans le reste du monde) qu’en cette période, cela dû au variant Omicron, et pourtant lundi 3 janvier 2022 les enfants sont retournés à l’école pour libérer du temps de travail à leurs parents, et les malades du covid n’ont plus qu’à s’isoler « 7 jours », voire 5, avant de retourner tous pimpants au travail. Quant aux enfants, c’est un test sur l’honneur qui les renvoie illico presto en classe. Désorganiser et détruire l’économie, refuser d’aller travailler, d’aller amocher sa santé comme depuis toujours au travail, serait une perspective hautement émancipatrice pour les uns et les autres qui n’ont, de toute façon, aucun profit à se faire, mais tout à perdre dans la continuation de semblables sociétés mortifères.
Plus que jamais, une émeute IRRÉPRESSIBLE mettant à bas tous les fondements du capitalisme et des États serait grande de vie, de désir et d’espoir en refusant la sordide accoutumance à des hôpitaux saturés (en plus de toutes les santés bousillées hors de l’hôpital, que ce soit suite au covid ou non, par un quotidien de jour en jour plus inhumain) et à tous ces risques mesurés-calculés-stratifiés par des bureaucrates intégralement constitués de chiffres.
Car la gestion de la pandémie par les États se creuse, s’affine, au fur et à mesure des études scientifiques, dans un sens qui n’est pas celui d’un dévouement pur à la grande cause de l’espèce humaine, mais dans celui d’une adaptation du capitalisme (et donc de tous les quotidiens pétris de ce système) à un virus parfois létal : en arriver, de statistiques en statistiques, de prédictions en prédictions, à un affreux quota de morts « tolérables » du point de vue du capital, ce qui se résume in fine à rendre le monde de plus en plus inhabitable à toute personne fragile et incapable de remplir un rôle d’esclave productif. L’évolution des formes de la maladie et des variants à l’échelle de toute la Terre étant cependant extrêmement complexe et immaîtrisable au long cours, la gestion ne peut en rester qu’à une course effrénée et insensée, réduite au court terme de l’économie, et qui s’empêtre entre discours et réalités.
Aucune mort enduite de statistiques, de prédiction et de calculs coûts-bénéfices ne sera jamais tolérable !
Contre ce déploiement au fil des semaines, des mois, des années d’une gestion du temps, de la vie et de la mort au service du capital, vive le déploiement d’un imaginaire ingérable, de corps épris de soin et de vie en révolte intégrale !
Le capitalisme vit sur notre dos, tuons-le !
À bas les statistiques et vive la vie !