Sur le Liban

Texte reçu par mail

J’ai voulu écrire un texte sur Ô combien les libanais étaient des gens animés par un esprit révolutionnaire puis je me suis souvenue que cela fait désormais 4 ou 5 ans qu’ils ne peuvent accéder à leur argent et qu’il n’y a pas de mouvement de masse pour faire flamber toutes ces banques. 4 ou 5 ans que ponctuellement des gens cassent des vitres par-ci par-là pour avoir leurs thunes et une révolution en 2019 qui s’est essoufflée en quelques mois. La place du parlement est toujours barricadée comme si la révolution s’était déroulée hier ou comme si elle allait arriver demain. La place des martyrs pue la révolution mais pue aussi le vide. Elle est couverte de tag mais il n’y a personne. Le présent ici c’est le rien. Les gens suffoquent. Le feu de l’explosion sur port n’est toujours pas éteint. Les gens crèvent, ça pue la pollution et la fumée qui continue de s’échapper du port est toxique.L’atmosphère est tendu. Les gens sont coincés là, entre des villes chrétiennes, musulmanes et des villes tenues par le Hezbollah. Après quelques jours ici, ce que je vois ce sont des gens qui attendent une nouvelle guerre pour pouvoir se casser de cet enfer en obtenant un statut de réfugié politique. Ils sont à deux doigts de prendre des bateaux pour sortir d’ici. Ils sont au milieu d’un néant qui se consume sur lui-même mais une brindille qui prendrait feu pourrait vite devenir un brasier.