Mauvais Sang numéro 6 / Édito

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Mauvais Sang souhaite ses meilleurs vœux révolutionnaires : que l’année qui vient dépasse la précédente en perspectives révoltées, repousse les enlisements dans la social-démocratie, combatte vivement les offensives réactionnaires qui pullulent en ce moment… et libère tous les prisonniers entassés dans ce pays pourri, d’autant plus nombreux qu’une large majorité des personnes condamnées en lien avec les émeutes de juillet ont été incarcérées !
Le présent contexte qui s’étire depuis septembre est en partie celui d’un retour de bâton de l’Etat français après les émeutes vivifiantes qui ont mis à sac tant de commerces, de véhicules et surtout d’antennes de la république (certains commissariats, des écoles, des mairies…) exprimant le refus du meurtre de Nahel par la police et surtout le refus du dialogue dans lequel finissait alors de se noyer le mouvement contre la réforme des retraites, paralysé trop souvent par la soumission du temps de la révolte au temps de la loi.
Tandis que la justice et la police poursuivent leur travail de broyage de vies pour effacer une certaine partie des traces de ce moment d’espoir, l’école a brillé en réaction dès la rentrée scolaire en esquissant le retour au contrôle du vêtement à travers les consignes ciblant l’abaya, puis en testant dans certaines régions le retour de l’uniforme, en accélérant la mise en place du nouveau service militaire (le Service National Universel)… Au pas la jeunesse, plus jamais comme en juillet 2023 ! Quant à l’immigration, au pas aux frontières, ou alors au compte-goutte selon les besoins de la production et de la main d’œuvre, par exemple comme dans ces chantiers pour les Jeux Olympiques qui ont fait plus d’un mort à Paris… ! Et ainsi le champs de la réaction s’étend, n’épargnant pas de larges pans de la gauche qui soit s’offusquaient des émeutes (on brûle des écoles ???), soit rechignaient tout de même à tracer des continuités entre le mouvement social finissant et celles-ci (laissant ainsi seules face à la répression un nombre révoltant de personnes…), soit cherchaient à les récupérer en appelant à de stupides manifestations porteuses d’une aspiration à la justice (punir le punitif policier par la police, voilà une idée qui ferait bien de disparaître), soit y martelaient leurs sales lorgnettes racistes qui ne font que coller avec celles du gouvernement au final (le mouvement social, c’est pour les «blancs», et les émeutes, c’est pour les «non-blancs» et on déverse les fantasmes raciaux…).
Dans ce contexte, il est temps de s’autonomiser radicalement vis-à-vis des discours de la gauche et de faire exister des propos et actions s’attaquant sans concession aux relents réactionnaires qui se retrouvent parfois trop souvent à s’allier à cette même vieille gauche (chercherait-t-elle à se rajeunir en se baignant une énième fois dans les eaux puantes du nationalisme et de l’identitarisme ?). Cette gauche qui drague actuellement un mouvement assez confus d’exploitants agricoles, mais traversé en tout état de cause par un travaillisme ambiant et une défense de la propriété (même la petite et la locale, celle de gauche!) qui nous semblent loin de relever d’une perspective émancipatrice, en plus de comprendre, pour une partie importante du mouvement, tout un tas d’idées et de pratiques réactionnaires (entre chauvinisme et appel au libéralisme). Au goût du jour depuis le 7 octobre, c’est à une flopée de discours réduisant les Palestiniens au Hamas et les Juifs au gouvernement actuel d’Israël qu’on a dû faire face… Le léninisme est en pleine offensive et il est hors de question que nous le laissions encore une fois boucher l’horizon révolutionnaire ! Feu à toutes les frontières, à tous les Etats, et à tout ce qui y aspire !
Voilà ce dans quoi s’inscrit ce numéro de Mauvais Sang, journal bâtard pour la révolution.
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Des enfants bâtards
de l’anarchisme et du communisme.