Mauvais Sang numéro 7 / Édito

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L’alourdissement des frontières nationales, des expulsions, et de l’accès à des papiers qui conditionnent bien trop nos conditions de vie, continue de s’approfondir. Au Royaume-Uni, c’est un projet de loi visant à expulser massivement vers le Rwanda qui est au goût du jour ; en France, après la loi immigration, c’est le projet de loi visant à mettre un terme au droit du sol à Mayotte qui est maintenant lancé. Sur l’île, ce sont des collectifs de « citoyens » revendiqués qui ont fait des blocages et barrages pour dénoncer la « crise migratoire » et demander ainsi plus de renforcement de la frontière, alors que le droit du sol y est de base déjà durci. N’attendons pas que le Conseil Constitutionnel se prononce à ce propos. Ni droit du sol, ni droit du sang ! Comme avec la loi immigration à propos de laquelle nous avons écrit dans le numéro précédent, c’est contre l’État français, contre ses citoyens fiers de l’être, contre les institutions de tri et les entreprises et associations collabos qu’il faut se battre sans relâche. Il n’y a pas de calendrier du droit et de la loi pour combattre l’horreur des frontières.
En parallèle de la mise en action de sa politique xénophobe, l’Etat a aussi annoncé récemment les mots d’ordres de son nouveau gouvernement : contrôle, travail et autorité. Du contrôle sur les précaires et les chômeurs en instaurant le travail obligatoire en contrepartie du RSA et la fin de l’allocation spécifique de solidarité (pour les chômeurs en fin de droits), histoire de foutre tout ce petit monde au boulot bien rapidement. De l’autorité sur les jeunes avec la généralisation du SNU, la création d’une peine de « travail d’intérêt éducatif » pour les mineurs et d’une peine complémentaire de TIG pour les parents d’enfants délinquants et l’uniforme à l’école et le doublement de l’enseignement de l’instruction civique et morale, pour faire de toutes les jeunes générations de dociles citoyens de la République. La réforme de l’aide médicale d’État a même été promise, garantissant par là une accélération de la discrimination des étrangers dans les années à venir.
Avec ce numéro 7 de Mauvais Sang, nous espérons bien agiter de la révolte contre les fantasmes de droit du sang, de Papas et de Mamans citoyens réarmés, contre le travail et l’autorité et contre les identités bien traditionnelles qui sont notamment remises au goût du jour par des influenceurs à la mode tels que des Tradwife et des racistes réactionnaires estampillés « décoloniaux » plébiscités par une partie de la gauche.
Ne nous laissons pas faire non plus face à la répression récente de nos révoltes : la Défense Collective de Rennes est menacée de dissolution ; douze personnes arrêtées à proximité du CRA de Vincennes le 31 décembre ont un procès en cours au tribunal de Paris pour « groupement en vue de commettre des violences ou des dégradations », « transport d’explosifs », « refus de signalétique », « identité imaginaire » et « refus de donner les codes de déverrouillage du téléphone » ; un jeune homme de 19 ans a été condamné à cinq ans de prison (dont trois avec sursis) le 7 février à Asnières-sur-Seine pour l’incendie de ce même tribunal lors des émeutes le 29 juin dernier. À chaque fois, c’est toute la révolte et la subversion qui grouillent dans ce pays qui sont visées.